L'Engoulevent

Clément Vercelletto
2025
12" Vinyl
18,00 €
ExperimentalAmbientImaginary landscapes
PRE-ORDER

releases January 10, 2025

D’après Wikipédia « les Caprimugidae, ou Caprimulgidés en français sont une famille d’oiseaux constituée d’environ 95 espèces existantes d’engoulevents ».

On fouille un peu et on apprend dans le journal Libération que « le mot caprimulgidé vient du latin caprimulgus, littéralement « suceur de chèvre ». Dans sa fameuse Histoire Naturelle, Buffon nous informe que « jadis les paysans croyaient que l’engoulevent, oiseau du crépuscule, pénétrait dans les étables à la nuit tombée pour sucer le pis des bêtes ».

L’engoulevent, primitivement, est un donc un oiseau, transformé par la croyance populaire en suceur de chèvres.

Clément Vercelletto, c’est dans Kaumwald que nous l’avons découvert, poussant avec Ernest Bergez musique de club, avant-garde et rumeurs folk imaginaires comme autant de grands cerceaux d’enfants gondolés ou bien servant d’accélérateur de particules aux chansons vernaculaires d’Estrémadure collectées par Marion Cousin. Depuis quelques temps on le reconnait, entre autres, sous le nom de Sarah Terral en prise sauvage avec les synthés modulaires parmi les plus abrasifs, poétiques, lunatiques qu’on ait entendu depuis lurette. Depuis quelques temps, il joue de cornemuse ( il ressemble à quelque chose comme un oiseau ténébreux soufflant dans une chèvre, si ça vous rappelle quelque chose).

L’Engoulevent est le premier disque à paraître sous son nom civil.

Entièrement composé sur un petit orgue électronique à la fois pas mal brut et relativement complexe et dont les tuyaux ont été remplacés par des appeaux contrôlés via une interface MIDI (imaginé par le musicien puis fabriqué, réalisé par le luthier Léo Maurel), il a été enregistré dans trois lieux différents aux acoustiques contraires (d’un studio ultra-mat à « d’anciens silos à vin avec vingt secondes de résonance ».

De tout ce disparate naît pourtant une œuvre parfaitement cohérente, qu’on pourrait dire de musique contemporaine, mais que son auteur, plus géographe qu’historien, appelle « paysagère », serpentant agilement d’une composition à l’autre (six en tout) évoquant tout ensemble techno naine à bas pouls, musique trad des confins écoutée la tête sous l’eau, field-recording d’un territoire pour moitié inventé, théâtre pour l’oreille. On pense parfois aux documentaires expérimentaux de Jean Painlevé ou Jean Epstein mais comme rehaussé de fluorescences troubles.

Vercelletto convoque ensemble, par la grâce des titres et des matières, parades animales (cui-cui) et propriétés minérales (La tourmaline dont l’album épouse l’aspect prismatique, doucement vitreux et les irradiations multiples de toutes petites couleurs), délinquance végétale -de tubercules douteuses et tropical malady (Le cœur pourri du taro) en plante photosensibilisante qui, en effet pousse un peu partout dans cette musique où l’on compte autant de lisières, de fossés, de broussailles (La grande berce)  que de granit, criques sableuses, pointes rocheuses, marais modestes  (Hoëdic long). Tout en cliquetis, bruits de touches et pépiements de valves, polyrythmies sourdes , soupirs électroniques et  haleines fantômes, L’engoulevent donne à entendre la musique forcément inquiète, forcément féérique, de tout un tissu vivant et hypersensible : le nôtre. 

Florian Caschera

Composition, recording, editing, mix by Clément Vercelletto

Mastering by Brice Kartmann
Artwork by UJNSQ
Recordings made at GMEA, Albi - La Soufflerie, Rezé - Le Silo, Cannes et Clairan