Curiositi
Curiositi est le premier album de Nicolas Cueille, compositeur et multi-instrumentiste.
A l’aide de synthèse modulaire et analogique, de field recordings et de sa voix, il explore un nouveau champ des possibles aux confins de ses multiples projets musicaux en tant que musicien de Pyjamarama, The World, La Colonie De Vacances mais aussi en tant que co-fondateur du label Presque Tout, une archive de paysages sonores collectés partout dans le monde.
Si les premiers gestes sont épurés, les manipulations frottent et oscillent tel un orchestre qui se prépare. Puis les bleep bloop des synthétiseurs rebondissent. Ricochent. S’échinent généreusement autour d’une voix croonant sans emphase, tel Chet Baker empruntant son chemin quotidien : « This is such a cozy place. Why would you leave ? Where would you go? »,
Au fur et a mesure des pièces se dévoile un « down n’ b » introspectif quasi-métaphysique, un pied dans la science fiction, un autre dans la forêt. Les filtres et les voix y sont comme suspendus, brinquebalant sur une falaise 3D à la pixellisation incertaine. Ce jeu entre le vrai et le faux, le digital et le naturel est au cœur de Curiositi jusque dans sa pochette. Nicolas Cueille a crée ainsi un visuel captivant qui donne l’impression de nouvelles matières, d’une nouvelle élasticité qui pourrait tout aussi bien être une curiosité oublié du monde existant.
Surprenant dans leurs formes et architectures, les 9 pièces du disque abondent : les mécaniques côtoient les rituels, comme un corps en mutation permanente, emplis de sursauts de mélodies, d’arythmie accidentées, des criquets du jardin et de ritournelles telles des haïkus.
L’orchestre est debout. On ne sait plus qui joue, vraisemblablement il scintille. Au jeu des sept familles, c’est Brian Eno et Moondog qui font la BO d’une nouvelle saison de Scavengers Reign. On peut y voir du Laurie Spiegel, du Haruomi Hosono, revoir des scènes de 2001 l’odyssée de l’espace et s’y blottir comme dans Keyboard Fantasies de Beverly Glen Copeland.
Aussi minimal dans sa conception que puissamment évocateur dans ce qu’il dessine : un jeu de miroir à la fois exigeant et ludique, synthétique et poétique. On se sent si bien ici. Pourquoi aurait-on envie de partir ? Pour aller ou ?
analog & digital synths natural & processed sounds voice
performed & recorded between 2022 & 2023 in Saint-Arnoult
by Nicolas Cueille
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Artwork • Nicolas Cueille
Mastering • Brice Kartmann
UJNSQ • 2024 - UJNSQ-044